Symposium Médecine Comportementale
L’AFTCC organise les 15,16 et 17 décembre à Paris, Maison de la Chimie, le 44éme congrès annuel de TCC.
–> Programme du 44 éme congrès de TCC
Dans le cadre de ce congrès la SMC (Société Médecine Comportementale) anime un Symposium Médecine Comportementale le Vendredi 16 de 10h30 à 12h30.
La médecine comportementale : vers une autre médecine pour le 21ème siècle
Organisateurs : Drs Nathalie Rapoport-Hubschman et Philippe Peignard
Résumé : La médecine de notre époque fait face à des défis que la médecine comportementale peut l’aider à traverser. Les contraintes de santé publiques liées aux coûts élevés et aux effets indésirables des thérapeutiques médicamenteuses, encore massivement prescrites dans les états de stress, d’anxiété et de dépression, vont infléchir les modes de prise en charge. La prévalence croissante des maladies chroniques nécessite d’intégrer les facteurs psychologiques pour améliorer qualité de vie et morbidité . Quelles sont ces nouvelles directions de la médecine comportementale et quels en sont leurs enseignements ?
· « Réponse de relaxation, Médecine comportementale et épigénétique » Dr Elyse Park, Harvard Medical School
· « Evaluer la médecine comportementale: un regard économique » Clémence Thébaut, Université de Limoges
· « Troubles somatoformes : apport des neurosciences cognitives » Pr Cédric Lemogne, HEGP
Interview du Dr Nathalie Rapoport-Hubschman
Médecin et psychothérapeute, ancienne attachée au centre « Stress and Health », Stanford University, ancien chef du service de psychologie médicale, Rabin Medical Center, Nathalie Rapoport-Hubschman est installée en libéral à Paris.
Où en est-on de l’évolution de la médecine comportementale ?
Cela fait bientôt quarante ans que la médecine comportementale existe. Bien qu’elle soit encore une jeune discipline, elle est vue par certains comme la « troisième révolution thérapeutique en médecine », après la chirurgie et la pharmacologie.
En effet, les pensées, émotions et comportements sont des dimensions que la médecine ne peut plus ignorer. D’une part, de nombreux symptômes sont mal identifiés – pensons par exemple aux troubles somatoformes qui seront présentés par Cédric Lemogne lors du symposium – ou mal soulagés par la médecine classique et plus de 50% des consultations de médecine générale sont liées au stress. D’autre part, la prise en charge des maladies chroniques, souvent liées à des facteurs de risque modifiables (tabac, alimentation, activité physique) et donc accessibles au changement, constitue l’un des défis du 21ème siècle. Cela redéfinit le rôle fondamental que les approches de médecine comportementale peuvent jouer, sur le plan clinique bien sur, mais aussi dans une perspective plus large de santé publique. C’est pour mieux comprendre ces enjeux que nous avons invité Clémence Thébaut, économiste de la santé, à intervenir lors du symposium.
Dans quelles indications la médecine comportementale peut-elle être utile ?
Le large corpus scientifique qui a émergé depuis une vingtaine d’années ne laisse plus aucun doute sur le rôle joué par les facteurs psychologiques dans la prévention, le déclenchement ou l’évolution de différentes pathologies. De nombreux travaux de recherche ont été menés depuis l’émergence de la psychoneuroimmunologie dans les années 90. Ils forment le soubassement des applications et interventions thérapeutiques que l’on voit se développer depuis une vingtaine d’années. C’est notamment le cas dans les maladies cardiovasculaires, le diabète, les douleurs chroniques, les troubles de la fertilité, ou les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, et des travaux intéressants se penchent également sur les liens entre psychologie et progression de la maladie dans certains types de cancer.
Les approches de 3ème vague ont-elles leur place en médecine comportementale ?
Comme on l’a vu, les liens complexes existants entre modes de pensée, émotions, comportements et mécanismes physiologiques sont graduellement mis en évidence. Il est clair désormais, par exemple, que le soutien social et les émotions positives affectent la morbidité et la longévité, et de nombreux travaux centrés sur l’impact de la psychologie positive sur la santé appartiennent, de fait, au domaine de la médecine comportementale. Il en est de même pour la méditation dont les effets ont été objectivés à la fois sur le fonctionnement et les structures cérébrales et sur la régulation de l’expression des gènes. On sait désormais que l’expression des gènes est modulée tout au long de la vie par de nombreux facteurs environnementaux – ce qu’on appelle l’épigénétique – et parmi eux, les facteurs psychologiques. C’est ce dont nous parlera Elyse Park qui fait partie de l’équipe d’Herbert Benson à Harvard.
Tout cela signifie qu’il existe donc, par le biais d’approches psychologiques, des possibilités de modulation des mécanismes physiologiques impliqués dans les processus complexes qui mènent de la santé à la maladie.
Ces différentes dimensions seront développées lors du symposium que nous organisons Philippe Peignard et moi-même. Elles permettront de prendre la mesure du rôle important que la médecine comportementale va pouvoir jouer dans la médecine du futur